Agilité ou Cycle en V – quelle méthode choisir pour votre projet ?

10 novembre 2020

Agilité ou Cycle en V – quelle méthode choisir pour votre projet ?

Selon le Rapport Chaos 2015 de Standish Group, seuls 36% des projets étaient considérés comme réussis, 45% comme incomplets et 19% comme des échecs. Le choix de la méthodologie fait partie des éléments déterminants pour sécuriser la réussite de votre projet. A travers cet article, nous vous aidons à choisir au mieux la méthodologie la plus adaptée à votre contexte.


Selon le Rapport Chaos 2015 de Standish Group, seuls 36% des projets étaient considérés comme réussis, 45% comme incomplets et 19% comme des échecs. La lecture de ce rapport permet d’appréhender la complexité de la gestion de projet.

Depuis de nombreuses années des méthodologies ont été mises au point pour cadrer la gestion de projet, en maximiser la réussite. Ce sont les méthodes dites classiques. Mais depuis le début des années 2000, de nouvelles méthodologies ont petit à petit pris de l’ampleur et continuent d’être de plus en plus adoptées par les différentes organisations professionnelles. Ce sont les méthodes agiles.

Si bien qu’aujourd’hui, pour tout nouveau projet la question du choix de la méthodologie de gestion de projet à adopter se pose. A travers deux articles nous allons tenter de dresser le bilan des principaux avantages et inconvénients de ces deux types de méthodes, afin de dégager des critères permettant d’orienter la prise de décision.

 

1/ Méthodes classiques

 

Les méthodes classiques sont nées avec les débuts de l’informatique et ce sont appuyées sur le fonctionnement des grandes organisations de l’industrie. Elles se caractérisent par un séquencement linéaire des différentes phases (expression du besoin, spécifications, développement, tests, recette…) selon un formalisme défini. Les types de méthodes classiques les plus utilisées sont la méthode « Waterfall » (« Projet en cascade ») et celle du « Cycle en V ».

Dans la partie suivante, nous allons dresser la liste des principaux avantages et inconvénients relevés lors de l’utilisation de ces méthodes.

Des méthodes qui ont fait leur preuve…

L’un de leurs principaux avantages est leur simplicité de mise en œuvre, du fait de leur maîtrise par une très large majorité des collaborateurs en entreprise. Ces méthodes étant utilisées depuis plusieurs décennies, elles sont devenues des références en matière de méthodologie de projet. Ainsi, rares sont les acteurs amenés à être partie prenante d’un projet dans l’exercice de leur activité professionnelle, à ne pas connaître le fonctionnement de ces méthodes.

La mise en place d’un formalisme bien défini est également un atout des méthodes classiques. Chaque phase est régie par une séquence de formalisation de documents. Si ces activités sont quelque peu chronophages et lourdes pour les équipes, elles permettent de faciliter grandement le suivi du projet global.

Ces méthodes permettent également une planification précise. Leur fonctionnement par séquencement des différentes phases permet de s’engager sur une date de livraison du projet. Comme dans toutes méthodes, des aléas peuvent amener à un décalage de cette date de fin prévisionnelle, toutefois une phase d’identification des risques est prévue pour sécuriser cet engagement de délai. En cas de contrainte forte sur le délai, les méthodes classiques permettent une planification plus précise que les méthodes agiles.

Enfin, grâce au traitement de l’ensemble du périmètre d’un bloc, des gains d’échelle peuvent être réalisés. Contrairement à l’approche agile où la définition du périmètre n’est pas complète et peut engendrer des allées et venues entre les différentes phases du projet avec des impacts sur le budget notamment.

… mais qui font face à de nombreuses limites

Nous allons maintenant nous intéresser aux principaux inconvénients et limites connus de ces méthodes classiques.

Le premier inconvénient est l’inflexibilité provoquée par la gestion séquentielle. Les ajustements post-réalisation sont complexes et coûteux et obligent à revenir à l’étape des spécifications et à reprendre les phases suivantes une fois celles-ci déterminées ; Entraînant ainsi des dérives fortes sur les coûts et les délais. De cette manière toutes évolutions demandées par le marché ou la réglementation ainsi que tous les imprévus pouvant être rencontrés auront un impact fort sur le projet.

La deuxième limite qui est bien souvent citée à l’évocation des méthodes classiques est l’écart entre les besoins réels et les besoins constatés. Ce n’est que le résultat du fameux « effet tunnel ». Il provient du manque de sollicitation de l’utilisateur final tout au long du projet. En effet, celui-ci est mis à contribution dans la phase initiale du projet où on lui demande d’exprimer ses besoins, puis il n’est sollicité à nouveau qu’à la phase finale pour recetter le produit fini. Il n’a ainsi eu aucune visibilité sur le projet entre la première et la dernière phase du projet, ne lui permettant pas de confirmer ou de corriger certaines orientations prises par l’équipe de réalisation. L’unique période où il peut donner du « feedback » à l’équipe projet est une fois le produit terminé, en sachant que comme évoqué dans le premier point, les ajustements post-réalisation sont complexes et coûteux…

Enfin, le manque de communication au sein des différentes parties prenantes de l’équipe projet est également un point régulièrement soulevé. Dans une grande majorité des situations, chaque phase des méthodes classiques est prise en charge par des équipes différentes (MOA, MOE, …). La pluralité des acteurs et le passage d’une séquence à une autre nécessitent une coordination et une communication parfaite pour assurer une transition efficace entre les différentes équipes. Or, les méthodes classiques ne définissent ni cérémonies ni rituels qui permettraient de maintenir les échanges entre les collaborateurs.

2/ Méthodes agiles

 

Bien que les prémices des premières réflexions sur les méthodes agiles datent des années 50, celles misent en pratique aujourd’hui reposent sur des valeurs et des principes exprimés dans le Manifeste Agile (2001). A partir de cet écrit, différentes méthodes agiles se déclinent et varient selon leur degré de formalisme, des distinctions entre le poids de la méthodologie dans la documentation produite et les étapes formelles, les revues, le rythme du produit… Les méthodes Scrum et Kanban étant les plus répandues.

Dans la partie ci-dessous, nous allons tenter d’établir les principaux avantages et limites constatés.

L’agilité : la sécurisation de la valeur client

Le premier bénéfice apporté par les méthodes agiles est le contrôle sur le produit final. En effet, la souplesse permise par la division des développements en cycles itératifs courts (1 à 4 semaines pour une méthode Scrum) facilite grandement la prise en compte des évolutions et des modifications sans impact majeur sur les délais. Ce fonctionnement en cycle de développement incrémenté au fur et à mesure permet d’obtenir des « feedbacks » des clients tout au long de la phase de réalisation. Les éventuels écarts avec le besoin exprimé sont ainsi corrigés au fil des itérations.  En procédant ainsi, on supprime « l’effet tunnel », un inconvénient bien identifié des méthodes classiques, et on sécurise la création de la valeur client.

La responsabilisation de l’équipe projet prônée dans le Manifeste Agile est également un fort avantage. Elle concède aux collaborateurs une grande autonomie , ce qui renforce leur implication et leur engagement. De plus, elle permet à chacun d’être force de proposition dans son périmètre. Les méthodes agiles placent l’individu et ses interactions au centre de l’action. Elles privilégient la communication entre les différents acteurs du projet par le regroupement géographique des équipes et la mise en place de points d’échanges réguliers (Daily Scrum par exemple). Le but est de favoriser l’identification et la résolution des problèmes, mais aussi la créativité et la performance globale de l’équipe.

Les méthodes agiles permettent également un gain important sur le Time-to-market d’un produit/service. En effet, dans un contexte de marché concurrentiel, soumis à la course à l’innovation, le principe de livrer en production un MVP (Minimum Product Viable), c’est-à-dire un produit qui garantit sa proposition de valeur mais sous sa forme la plus primaire, permet aux entreprises de tester rapidement un nouveau produit, service ou concept sur le marché. Elles s’assurent ainsi d’être innovantes et pionnières dans leur secteur tout en limitant les coûts. La démarche itérative permet de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue et d’enrichir le MVP selon les différents « feedback » obtenus.

Une démarche qui n’est pas infaillible

Néanmoins, des limites et inconvénients ont pu être constatés dans l’utilisation des méthodes agiles. Nous allons détailler les trois plus fréquents.

Tout d’abord, l’adoption de ces méthodes nécessite pour les entreprises de repenser leur environnement culturel et d’accompagner leurs équipes et collaborateurs dans l’appropriation de ces nouvelles pratiques. Ces enjeux sont de vrais défis ; ils demandent une refonte globale de l’organisation, des pratiques et de la manière d’être. Au-delà des enjeux, ces changements peuvent entraîner des coûts importants (formations, recrutement, réaménagement des locaux, …). L’accompagnement de leurs collaborateurs dans cette transformation est un point sur lequel les entreprises doivent être particulièrement vigilantes sous peine d’échecs de la mise en place de l’approche agile.

De même, une maturité inégale des méthodes agiles entre différentes entités ou services présente des inconvénients. Lorsqu’un projet comprend des parties prenantes appartenant à des entités organisées de manière non adaptée au fonctionnement agile, les contraintes de délai et de disponibilité de ces équipes ne sont pas en adéquation avec les cycles définis par l’équipe projet et entrainent des ralentissements de l’exploitation des méthodes, avec des répercussions sur le rendement et l’efficacité opérationnelle.

Un dernier point est régulièrement identifié comme une limite de l’Agilité ; il s’agit du manque de prévisibilité. Ne s’appuyant pas sur une feuille de route définie en début de projet comme c’est le cas dans les méthodes classiques , et l’équipe ne sachant pas précisément à quoi ressemblera le produit final, il est difficile de prévoir un délai et un budget. Si certains calculs prédictifs sur la vélocité de l’équipe sont possibles, leur niveau de précision n’est pas comparable aux méthodes classiques.

Conclusion

 

Cet état des lieux nous permet de poser de manière la plus pragmatique possible, les points forts et les limites des deux méthodes analysées.
D’ores et déjà des facteurs différenciants forts ressortent.
Dans le prochain article, nous définirons les critères à analyser pour pouvoir choisir au mieux la méthodologie la plus adaptée à un projet.

 

Auteurs : B. Mery, F. Blondet & C. Sertillanges


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